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Au sens littéral, « pousser des cris d’orfraie » signifie tout bonnement « hurler ». Les « cris d’orfraie » (un rapace) sont stridents, et ils expriment généralement la surprise, voire l’effroi, face à une situation désagréable ou terrifiante.
Par extension, « pousser des cris d’orfraie » désigne, au figuré, le fait de protester violemment, de s’insurger de façon ostentatoire et véhémente, peut-être même excessive et démesurée, dans un sens proche d’une autre expression française, « crier au loup ».
Dans les deux locutions, la personne qui donne l’alerte s’écrie de manière inappropriée : elle s’alarme plus que de raison, et se laisse emporter par une émotion inadaptée aux circonstances.
Origine de l’expression « pousser des cris d’orfraie »
Au départ, le mot « orfraie » (issu du latin ossifraga qui signifie « oiseau briseur d’os ») désigne les rapaces diurnes. Difficile de déterminer lequel exactement, car le terme a été utilisé au fil des siècles pour dénommer plusieurs sortes de rapaces (tantôt les pygargues, tantôt les balbuzards). Aujourd’hui, ce nom vernaculaire a donc laissé sa place à des vocables scientifiques plus précis, permettant de mieux distinguer les oiseaux.
Qui plus est, le paradoxe est que les oiseaux de jour, désignés à l’origine par le mot « orfraie », ne poussent même pas de cris stridents !
En vérité, l’expression provient plutôt de la « chouette effraie », ainsi nommée par déformation du mot « orfraie ». Animal nocturne pour sa part, cette chouette blanche très commune, aussi appelée « effraie des clochers » ou « fressaie », émet des hurlements stridents et « effrayants » (d’où le glissement orthographique), et considérés comme étant de mauvais augure.