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Définition de l’expression « les chiens aboient la caravane passe »
« Les chiens aboient, la caravane passe » est une expression que l’on emploie, à propos de soi ou de quelqu’un d’autre, lorsque les injures, les critiques et les insultes formulées par autrui sont inutiles, sans effet, face à quelqu’un qui a une très grande confiance en lui (oui qui feint d’avoir confiance en lui).
La personne faisant l’objet des reproches est si sûre d’elle, tant convaincue de sa valeur, qu’elle en devient sourde aux critiques, même les plus virulentes. Celle-ci fait preuve de dédain à l’égard de ses calomniateurs ; mais attention : cette attitude peut la mener à une confiance exacerbée, et à une forme d’arrogance ou d’entêtement, face à des critiques parfois légitimes.
Comme souvent, la langue française comporte quelques expressions équivalentes : l’une des plus connues est « la bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe », qui traduit encore plus intensément le mépris ressenti face aux critiques, et le sentiment de supériorité par rapport à ceux qui les formulent.
Plus rares, les expressions « bien faire et laisser braire » ou « laisser pisser le mérinos » ont aussi un sens similaire. On trouve enfin, dans le registre familier, la formule « cause toujours, tu m’intéresses », qui exprime, elle aussi, l’idée de rester sourd aux paroles d’autrui.
Origine de l’expression « les chiens aboient la caravane passe »
L’expression « les chiens aboient, la caravane passe » est à l’origine un proverbe arabe, qui naît au Moyen-Orient autour du XIXe siècle. Le peuple nomade des Douars, originaire d’Afrique du Nord, emploie alors des chiens de garde pour assurer la sécurité de ses campements.
Or, à cette époque, le désert est régulièrement traversé par des « caravanes » : non pas le véhicule employé aujourd’hui par les vacanciers, mais un groupement de chameaux, transportant des personnes à travers le pays.
À l’approche de ces longues files d’animaux, les chiens de la tribu se mettent à aboyer, comme pour marquer leur territoire et repousser la « menace ». Imperturbables, les chameaux continuent pourtant leur chemin, sans sourciller, ni même jeter un regard à ces canidés qui leur hurlent dessus. L’analogie avec la personne qui fait mine de ne pas entendre les reproches qui lui sont adressés, et qui poursuit sa route sans hésitation, semble dès lors assez parlante.
L’expression d’origine arabe s’est ainsi distillée dans d’autres régions du monde : on la retrouve notamment dans les langues allemande (die Hunde bellen, die Karawane zieht weiter), espagnole (los perros ladran, la caravana pasa), néerlandaise (de honden blaffen, maar de karavaan trekt verder) ou française, où elle demeure employée de nos jours.