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Leonardo Ancillotto, chercheur à l’université de Naples-Frédéric II, en Italie, et ses collègues ont mis au jour un cas rare de mimétisme acoustique chez la chauve-souris européenne Myotis myotis, aussi appelée grand murin, lui permettant d’échapper… aux chouettes !
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Au cours de leurs expéditions sur le terrain, ces chercheurs ont constaté que les chauves-souris de l’espèce Myotis myotis émettent des appels de détresse qui ressemblent étrangement au bourdonnement du frelon. Cette étonnante découverte les a conduits à étudier l’importance de cette vocalisation dans le contexte de la prédation des chauves-souris, notamment par les chouettes (la chouette effraie et la chouette hulotte), qui font partie des plus grands prédateurs de ces petits mammifères volants.Pour cela, les chercheurs ont comparé la structure sonore du bourdonnement du frelon européen à celle de l’appel de détresse des chauves-souris. Étrangement, les deux sons se ressemblaient, mais leurs fréquences n'étaient pas identiques. Les séquences de bourdonnement de chauve-souris contenaient notamment des fréquences de la gamme des ultrasons que les chouettes n’entendent pas. Ce n’est que lorsque les chercheurs ont retiré ces paramètres acoustiques a priori inaudibles, qu’ils ont constaté une ressemblance évidente dans la structure des deux bourdonnements. Cela suggère que, pour la chouette, le bourdonnement d’un frelon et l’appel de détresse des chauves-souris sont très similaires ! Il ne serait donc pas étonnant que les chauves-souris utilisent ici une ruse acoustique pour échapper à leur prédateur.
Pour vérifier cette hypothèse, les chercheurs ont réalisé des expériences de play-back dans lesquelles ils ont fait écouter des enregistrements de bourdonnement de frelon, de cri de détresse ou d’appels sociaux de chauves-souris (que ces dernières émettent pour communiquer entre elles) à des chouettes captives. La réaction des oiseaux a confirmé l’hypothèse : lorsqu’ils entendaient des enregistrements d’appels sociaux de chauves-souris, les chouettes avaient tendance à s’approcher du haut-parleur car elles reconnaissaient le son de potentielles proies. En revanche, le bourdonnement de frelon aussi bien que le cri de détresse des chauves-souris avaient pour effet d’éloigner les prédateurs du haut-parleur. Il est donc très probable que les chouettes confondent le « bourdonnement » de chauves-souris avec celui du frelon européen.