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Six professionnels de santé sont poursuivis par le Conseil national de l'Ordre des médecins pour leur propos polémiques sur l'épidémie de Covid-19. Qui sont-ils ? Qu’ont-ils à se reprocher ? Tour d’horizon.
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Raoult et Perronne
Parmi les médecins visés : Didier Raoult, professeur à l’institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée et défenseur controversé de l’hydroxychloroquine. Le 12 octobre dernier, le Conseil départemental de l’Ordre des médecins des Bouches-du-Rhône avait saisi la chambre départementale disciplinaire de première instance pour des "manquements à la déontologie médicale telle que la définit le code de santé publique". Le Conseil national de l’Ordre des médecins a donc choisi de s’associer à cette action.Tout aussi connu pour son discours clivant, le Dr Christian Perronne figure aussi parmi les visés de cette plainte. Jusqu’à jeudi, il était chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine), avant que l’AP-HP ne le limoge de ses fonctions. "Depuis plusieurs mois, dans un contexte de crise sanitaire, le professeur Christian Perronne a tenu des propos considérés comme indignes de la fonction qu’il exerce", a expliqué l'AP-HP dans un communiqué de presse ce jeudi 17 décembre.
Henri Joyeux, récidiviste en matière de plaintes
Un peu moins connu du grand public, le professeur en cancérologie Henri Joyeux l’est pourtant bien des autorités sanitaires. Désormais retraité, il est très contesté par une large partie de la communauté médicale. En 2016, il avait été radié par l'Ordre des médecins avant que cette décision ne soit annulée en appel fin 2018. Son tord ? Héraut de la lutte des anti-vaccins, il avait publié plusieurs pétitions en 2015 et 2014, pour "prévenir" de leurs dangers. En septembre 2019, l’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) lui avait interdit ses travaux sur près de 400 patients atteints des maladies d’Alzheimer et de Parkinson, notamment parce qu’elle jugeait ses essais cliniques "illégaux".Nicole Delépine, star des réseaux anti-masques
Oncologue à la retraite, Nicole Delépine et son conjoint Gérard Delépine, chirurgien orthopédique à la retraite, ont connu la notoriété sur les chaînes d’info en continu pour leur défense sans faille l’hydroxychloroquine. Mais aussi sur les réseaux sociaux, pour leur remise en cause perpétuelle du bien-fondé de la lutte contre l’épidémie de Covid-19.Convaincue de la mainmise de "Big Pharma" sur les tests et les vaccins, Nicole Delépine s’est très souvent dite opposée au dépistage du Covid-19 qu’elle qualifie de "fraude" ainsi qu’au port du masque. "Vous êtes vraiment intoxiquée !", avait-elle lancé à une journaliste de L’Obsvenue l’interroger avec un masque. Tandis que son époux avait ajouté : "Si c’est pour nous, vous pouvez l’enlever tout de suite !" Gérard Delépine et Nicole Delépine ont aussi souvent fustigé la mise en place du confinement qui selon eux, n’aurait pas permis de sauver des vies.
Nicolas Zeller et Helène Rezeau Frantz : prescripteurs sans autorisation ?
Médecin généraliste dans le Sud de la France à Saint-Cyr-sur-Mer, le Dr Nicolas Zeller s'est notamment fait connaître en défendant et en prescrivant auprès de 200 patients de l'azithromycine à des porteurs du Covid-19. Or, un avis défavorable avait été adressé par la direction générale de la santé (DGS). Le Dr Zeller avait notamment expliqué les "bienfaits" de son traitement lors d’un reportage de nos confrères de France 3 en juillet.Hélène Rezeau-Frantz avait quant à elle défendu l'usage d'un antihistaminique pour lutter contre le Covid-19, d’ordinaire utilisé contre les allergies saisonnières. Après un essai sur 26 patients, non dépistés, l’un de ses collègues, le Dr Arminjon, avait dit à nos confrères du Parisien : "C'est une petite cohorte, mais ça marche, et plus on prend le virus tôt, plus ça marche. On est sûrs que ça fonctionne, et on va le prescrire. Ce médicament (anti-H1 de deuxième génération) n'est absolument pas dangereux, ne coûte rien, est en vente libre et n'a quasiment aucun effet secondaire". Au moment de ces essais, le conseil national de l’ordre des médecins avait rappelé à l’ordre le groupe de médecins.
Pour l’heure, l'exactitude des faits reprochés aux six médecins n'est pas connue. Seules les plaintes ont été rendues publiques. Une fois les dossiers instruits par la chambre disciplinaire, les sanctions encourues pourraient aller du simple avertissement à la radiation définitive. L’instruction devrait durer plusieurs mois.