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- Quelle pollution sonore les éoliennes engendrent-elles ?
[...] La réglementation prévoit la mesure de l’émergence, c’est-à-dire la différence entre le niveau de bruit lorsqu’un parc est en fonctionnement et le niveau de bruit lorsqu’il est à l’arrêt. Elle ne doit pas être supérieure à 5 dB(A) en journée et 3 dB(A) pour un niveau de bruit supérieur à 35 dB(A).
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Un nouveau protocole de mesures doit être utilisé depuis janvier 2022, et « il prend en compte de nouveaux paramètres, dont les vents dominants », explique Michel Gioria, délégué général de France Énergie Éolienne. Depuis janvier dernier, les parcs sont aussi soumis à un contrôle systématique après leur mise en service. Avec d’éventuels bridages ou arrêts décidés par les préfets en cas de dépassement.
- Quels sont leurs impacts sur la santé ?
La cour d’appel de Toulouse ne s’est pas contentée de reconnaître des nuisances sonores en juillet 2021. Elle a octroyé des dommages et intérêts aux personnes, considérant qu’elles souffraient du « syndrome de l’éolien ». Ce dernier est mentionné dans un rapport de l’Académie de médecine de 2006, actualisé en 2017.
Ce syndrome regroupe une série de symptômes très divers : fatigue, maux de tête, anxiété, agressivité… Pour l’Académie, « l’éolien terrestre ne semble pas induire directement des pathologies organiques », mais il peut altérer la qualité de vie de certains riverains. D’où une série de recommandations, principalement en matière de surveillance des niveaux sonores et d’information préalable à l’implantation des parcs.
L’Agence de sécurité sanitaire (Anses) a aussi publié en 2017 un rapport sur les effets sanitaires des basses fréquences sonores et infrasons dus aux parcs éoliens. Elle concluait qu’il n’y avait pas lieu de modifier les valeurs limites d’exposition au bruit existantes, ni d’introduire des limites spécifiques aux infrasons et sons de basses fréquences. Mais elle recommandait de renforcer l’information des riverains, de surveiller l’exposition au bruit et de poursuivre les recherches.
- Les éoliennes tuent-elles des oiseaux et des chauves-souris ?
La réponse est « oui » – en moyenne, sept par éolienne et par an ; selon les suivis obligatoires effectués. « Mais les mortalités sont très hétérogènes, détaille Geoffroy Marx, responsable du programme énergies renouvelables et biodiversité à la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). Elles sont nulles dans certains parcs, alors que d’autres tuent un grand nombre d’oiseaux ou des espèces d’intérêt communautaire (en danger, vulnérables, rares ou endémiques). » Selon cet expert, la mortalité est deux fois plus importante à proximité des zones de protection spéciale (ZPS) Natura 2000. La LPO milite donc pour le respect de ces zones, ainsi que celui des forêts et des espèces particulières.
De son côté, France Énergie Éolienne, l’association porte-parole des entreprises, cite trois voies principales pour limiter les collisions : « déplacer les parcs de quelques kilomètres, développer des systèmes pour effaroucher les oiseaux et brider les éoliennes à certaines périodes ». Des mises à l’arrêt sont d’ores et déjà réalisées lorsque des agriculteurs entament leur récolte, provoquant des envolées. Ou lorsque la LPO signale que les grues cendrées se mettent en route pour leur migration.
- Les éoliennes entraînent-elles une pollution visuelle ?
Les éoliennes sont hautes, donc bien visibles. Selon un sondage Harris Interactive réalisé pour le ministère de la transition écologique l’été dernier, les Français sont partagés sur le plan esthétique : 52 % des sondés trouvent ça beau, 47 % trouvent ça laid.
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- Qu’en est-il de leur pollution lumineuse ?
Les éoliennes sont aussi critiquées pour leur allure de « guirlandes lumineuses » la nuit. « Cet éclairage est demandé par l’aviation civile et militaire avec une intensité et des fréquences imposées », rappelle Michel Gioria.
La situation, là encore, est en train d’évoluer. Plusieurs expérimentations ont été lancées ou sont en cours : la première avec des faisceaux vers le ciel et non plus à l’horizontale et une réduction de la fréquence des flashs ; la seconde avec l’allumage de quatre éoliennes sur huit ; et la troisième avec un allumage par détection, uniquement lorsqu’un avion approche. « Un bilan sera dressé d’ici l’été », annonce le délégué général de France Énergie Éolienne.
- Les éoliennes polluent-elles les sols ?
« Les fondations en béton qui restent dans le sol, c’est terminé », a déclaré Barbara Pompili, ministre de la transition écologique, lors d’une conférence sur l’éolien en octobre 2021. Le démantèlement des installations est un sujet sensible. Les règles du jeu ont été durcies, notamment par un arrêté de juin 2020 qui impose une excavation totale des fondations et le remplacement par des terres de caractéristiques comparables aux terres en place à proximité.
Le montant des garanties financières pour couvrir le démantèlement a été augmenté, et des taux minimaux de recyclage et de réutilisation des composants ont été fixés. La durée de vie des éoliennes est de l’ordre d’une vingtaine d’années, et les premiers parcs installés touchent à leur fin. Moins d’une vingtaine de parcs sont aujourd’hui en cours de démantèlement – ou de renouvellement par l’installation de nouvelles éoliennes. Mais le mouvement va se déployer très largement entre 2027 et 2032.